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Mécanique des émotions - Partie 2

Revue de psychiatrie : médecine mentale, neurologie, psychologie

En 1901, par Sergi G.

Laquelle des conditions mécaniques est entrée dans la production du phénomène décrit? Il est, ici, évident que la loi d'inertie a prévalu. L'état psycho-organique, relativement à la conservation, était en plein équilibre, et en repos, les phénomènes mécaniques de la circulation et de la respiration étaient normaux; la secousse violente de la sensation a rompu l'équilibre et, par suite, a troublé la fonctionnalité générale comme un corps qui, de l'état de repos, passe à un mouvement rapide. La violence même de la secousse a été cause d'une diffusion plus grande dans le centre émotif et, par conséquent, des effets mécaniques complexes.

Mais nous pouvons avoir un effet différent de la même sensation qui a provoqué l'émotion de peur plus ou moins forte; à l'entrée imprévue de cet individu menaçant, l'homme qui était tranquille se lève rapidement de son siège et va contre lui en acte d'attaque.
Alors nous aurons ceci: le visage, au lieu d'être pâle, est rouge, les yeux sont injectés de sang, les mouvements sont énergiques et violents, il est possible que l'homme s'élance en parlant, ou en appelant, ou en criant; et si on auscultait le cœur ou le pouls, on trouverait que tous deux battent plus rapidement. Ces phénomènes peuvent encore augmenter en nombre ou en intensité s'il y a une attaque véritable et formelle contre l'intrus avec coups de pieds et de poings, gesticulation violente, salivation abondante, et, aussi, sueur. C'est-à-dire qu'il y a une commotion dans le cœur et dans la respiration qui devient haletante; les vaisseaux superficiels sont dilatés, ils ont gonflé les muscles devenus plus actifs, les artérales cutanées ont influé sur les glandes sudoripares, salivaires, et de sécrétion de la bouche, comme sur la conjonction devenue rougeoyante; les mouvements, avec l'augmentation de l'excitation, sont devenus irréguliers, sans correspondances et sans direction volontaire.

Cet état émotionnel est celui de la colère, de la rage ou de la fureur; et, comme on le voit, les formes physiques en sont différentes, par rapport à celles qui expriment la peur ou la terreur. Cette révolution générale de l'organisme qui intéresse, on peut le dire, tous les organes de la nutrition et beaucoup de tissus, comme le musculaire et le glandulaire, doit produire un sentiment, de même que le sentiment de la peur avait été produit par un trouble de caractère différent. Ce sentiment est celui qui a été nommé colère, ou fureur, ou rage, selon ses formes et ses degrés.

La conscience de ce sentiment s'obtient par les mêmes voies que pour les autres, l'excitation de tous les organes ou parties d'organes en action se porte, par les voies habituelles, au cerveau, centre de conscience et l'on en a la révélation de l'émotion que l'on subit. Cependant, il faut noter que cette conscience est voilée par les mêmes conditions émotionnelles qui altèrent la circulation cérébrale et, par conséquent, l'état fonctionnel.

Ainsi, dans le premier phénomène: peur et, dans le second: colère; on a une excitation périphérique qui agit comme stimulant instinctif sur le cerveau, sur le centre psycho-organique de conservation, et qui excite le centre commun des émotions avec une égale rapidité, de telle sorte que l'action a les caractères d'une action réflexe. Mais ces deux émotions sont différentes, on pourrait dire opposées, et ceci vient de ce que la première est produite sous l'influence de cette condition que nous avons appelée inertie, tandis que la deuxième est produite sous l'influence de la réaction. Tandis que dans la première, il y a arrêt du cœur et de la respiration, puis une réaction dans les vaisseaux et un retrait du sang de la périphérie, une restriction des vaisseaux capillaires périphériques entraînant la pâleur, desséchant la muqueuse buccale et, au contraire, une plus grande tension du sang dans les viscères abdominaux, ce qui donne de tout autres effets, dans la rage, au contraire, les battements du cœur et de la respiration augmentent, ce qui produit l'oppression, à la périphérie, il y a dilatation dans les vaisseaux et, par conséquent, des mouvements énergiques, bien que non parfaitement coordonnés. Dans un cas comme dans l'autre, il peut y avoir de la sueur, mais dans le premier cas elle est froide, dans le second cas elle est chaude, car la sécrétion est provoquée par deux excitations différentes: par celles du centre de la sueur dans la peur et dans l'anémie de la peau, elle est donc froide; par l'excès du sang, à la périphérie, dans la rage, elle est donc chaude.

Les deux phénomènes provoqués par une sensation et un centre émotif uniques sont donc différents parce qu'ils dérivent de deux lois diverses, inertie et réaction, deux formes mécaniques qui ne sont même pas antagonistes dans la physique des mouvements, acquièrent, cependant, la forme antagoniste parce que, dans l'inertie, les racines de nerfs différents se trouvent excités, et parce que de mêmes nerfs produisent des effets divers selon la diversité de l'énergie excitatrice. Je crois que la constriction des vaisseaux périphériques dans la peur est l'effet d'une paralysie passive et non active, paralysie du centre vasoconstricteur, tandis que dans la dilatation des vaisseaux dans la colère est active. Les effets, dans le premier cas, peuvent être prévus, c'est une forme de paralysie des muscles et, par conséquent l'immobilité de la peur-terreur, avec la pâleur et les sueurs froides à la suite d'un stimulus qui a aussi paralysé le centre de la sueur; dans le second cas, au contraire, c'est un excès dans le mouvement par excès de sang dans les muscles, il n'y a donc aucune paralysie dans ce cas, mais une réaction active et énergique. Les deux phénomènes émotionnels représentent deux faits antagonistes : la défense et l'agonie ou la mort prochaine : dans la colère, sous toutes ses formes, il y a une réaction défensive contre les périls et les assauts vrais ou imaginaires; dans la peur, la mort immédiate peut se produire, et l'on a un relâchement général, même dans les viscères abdominaux, par conséquent défécation rapide et émission d'urine, ceci continuellement par suite du relâchement des sphincters vésicaux, on constate l'impuissance dans la défense à cause de l'anémie rapide des muscles volontaires avec ou sans tremblements, la dilatation des pupilles, le dessèchement des muqueuses, mais avec des sueurs froides et abondantes de l'anémie cérébrale et par conséquent une absence de jugement et de détermination volontaire: tous phénomènes analogues à ceux de l'agonie, exprimant la capitulation devant l'ennemi, l'abandon de toute résistance, tandis que la rage avec sa vigueur, exprime la résistance et la défense.

Ces deux phénomènes sont, naturellement, involontaires car ils ne dépendent pas des centres cérébraux supérieurs: de ces centres sont venues les excitations vers le centre vital, par les voies décrites, instinctives, centres psycho-organiques de conservation; par là se sont produits les deux phénomènes sous deux formes antagonistes, dans tous les organes de la vie nutritive, au moyen de deux conditions différentes, inertie et réaction. L'avertissement est parvenu au cerveau par les voies centripèdes, non pas en une fois mais successivement, de même que les phénomènes se produisent successivement dans la diffusion des excitations vers les centres voisins, vers le centre principal de la vie et vers les parties périphériques des organes qui entrent directement en action. L'action du cerveau peut jouer un rôle dans l'inhibition de l'apparition des premiers symptômes de l'émotion lorsqu'il y a une habitude ou lorsque une autre impression extérieure, impérieuse, s'impose comme moyen pour faire agir l'inhibition des centres supérieurs; comme par exemple, dans le cas cité, la présence d'une personne que l'on tiendrait pour supérieure.


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