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Premiers résultats d'une enquête sur les déviations physiques et mentales des enfants dans les écoles publiques - Partie 1

Annales de l'Institut international de sociologie

En 1895, par Galton D.

Un comité a été formé à Londres, voilà quelques années, dans le but d'étudier le sujet que nous traitons.

Il a fait des rapports sur les progrès de son enquête à divers intervalles, à la Société d'organisation de la Charité, aux Congrès internationaux d'hygiène de Londres et de Budapest et à l'Association britannique. Cette enquête continue.

Le sujet semble de nature à intéresser l'Institut international de Sociologie, et c'est pourquoi j'ai préparé un résumé de l'état présent de cette enquête.

Son but peut être brièvement déterminé: c'est de distinguer, par l'examen des caractères physiques des enfants d'une école, ceux d'entre eux qui sont si faiblement doués, ou si défectueux mentalement, ou si réellement anormaux, qu'ils ne peuvent lutter, à l'école et plus tard dans la vie, avec les enfants doués d'une façon moyenne, normale.

Le docteur Francis Warner s'est voué, pendant les dix-huit dernières années, à étudier la méthode scientifique d'observer et de décrire les indications de l'état mental chez les enfants. Le comité a profité de son expérience; et sous sa sanction, il a examiné, classé ses résultats sur cinquante mille enfants de diverses écoles.

Ce qui suit est la méthode trouvée par le docteur Warner pour porter son examen sur la proportion entre les enfants normaux et les autres dans une école.

Tous les enfants sont passés en revue dans les trois départements de l'école: très jeunes enfants, garçons, filles.

Les élèves sont observés pendant qu'ils sont en rang, d'habitude par petites sections. L'inspecteur, placé devant chaque enfant successivement, lui fait regarder un shelling de façon à fixer ses yeux et à obtenir une vue parfaite de sa face et de son profil des deux côtés, notant chaque trait séparément, le crâne, l'expression et l'action musculaire de chaque partie du visage, le mouvement des yeux, et ainsi de suite. L'observateur habitué peut aisément distinguer les points physionomiques des traits individuels en notant leur forme et leur proportion.

Après avoir été inspectés en rang, les enfants sont invités à tenir leurs mains devant eux, comme l'inspecteur le faisait lui-même. L'attitude de la tête, de la colonne vertébrale, des épaules, aussi bien que les bras, les mains et les doigts sont vus de cette façon.

Enfin, l'observateur met sa main sur la tête du sujet, en remarque la dimension, la forme, les protubérances, etc. Le palais est aussi exploré.

A chacune de ces étapes de l'enquête, les enfants qui offrent une déviation quelconque de la normale sont mis à part. Les professeurs doivent alors présenter tout enfant exceptionnel ou stupide que l'observateur n'aurait pas distingué.

Chacun des enfants ainsi triés est examiné de nouveau, séparément, et décrit suivant une formule, dans laquelle les défectuosités sont déjà exprimées et que l'on remplit en y marquant le nom, l'âge, la condition de chaque enfant. L'on fait un relevé des enfants vus dans chaque condition. Autant que possible, une description est donnée de l'état social général des enfants, avec leur nationalité et les caractères dominants du voisinage.

Pour arriver à dresser des statistiques, chaque cas décrit dans le rapport pour les enfants, est transcrit sur un registre dans lequel des colonnes indiquent les défectuosités, chaque cas s'inscrivant dans la colonne qui y correspond. De cette façon, les cas sont présentés sous forme d'une table, avec laquelle les tableaux synoptiques peuvent être facilement dressés.

Les défauts de développement corporel se trouvent fréquemment réunis à des défectuosités du cerveau, à un affaiblissement de l'état mental, mais il n'en est pas toujours et nécessairement ainsi. Le lien entre les faiblesses du corps et celles de l'action mentale est le défaut coïncidant dans le cerveau, qui peut être révélé par l'observation de « signes nerveux anormaux. » L'observation simultanée des conditions de développement et des signes nerveux indiquant l'action cérébrale forme un trait spécial aux recherches et distingue la méthode qu'elles emploient de celles qui furent déjà en usage.

Un autre fait, corrélatif au défaut de développement, est la tendance de tels enfants, surtout des filles, à devenir maigres, pâles et délicates. C'est dans la corrélation des proportions anormales des parties du corps avec les signes nerveux anormaux, la nutrition mauvaise et la stupidité mentale qu'on trouve un critérium de l'état vraiment défectueux joint aux anomalies.

Le terme « signe nerveux » peut n'être pas clair pour quelques personnes. Aussi vais-je en donner une courte description. Leur valeur dépend de leur signification comme indices, de l'action du centre nerveux qui les produit.

Muscles frontaux mobiles à l'excès. — Des rides horizontales sont ainsi produites. Elles peuvent être fixes, donnant au front un aspect brutal; ou épaisses, produisant alors un plissement accentué.

Ces phénomènes sont fréquents chez les enfants examinés, et surtout chez les idiots et, disons-le, chez les singes. Un enfant cesse de plisser son front quand il est intéressé. En fait, toute leçon pendant laquelle le plissement cesse tend d'ordinaire à améliorer son cerveau. Cette condition est beaucoup plus fréquente parmi les enfants dans la monotone vie de l'école des pauvres que dans l'externat élémentaire.

Ceci amène à considérer l'avantage relatif d'élever les enfants dans une école où ils résident ou dans un externat.

Mouvement des yeux défectueux. — Il peut y avoir mouvement des yeux errant çà et là: l'enfant peut ne pas suivre du regard progressivement des objets se mouvant, mais tourner la tête sans remuer les pupilles.

Balancement de la tête. — Normalement, la tête est droite. Dans les cas anormaux, elle peut tomber en avant ou pencher sur une épaule.

Posture normale de la main. — Quand elle est étendue au commandement, droite, les doigts dans un même plan, la main au niveau des épaules, les deux mains séparées par la largeur du corps.

Tremblement des mains. — Le poignet fléchissant, la paume légèrement contractée latéralement, le pouce et les doigts étendus en arrière à leur jonction avec la paume.

Faiblesse des mains. — Le poignet tombe légèrement; la paume est contractée latéralement; les doigts sont légèrement arqués ou fléchis. Cette position se remarque au sommeil, lorsque l'avant-bras est étendu passivement.

Secousses des doigts. — Celles-ci s'observent quand la main est tenue serrée et étendue. Les secousses peuvent être latérales, en flexion ou en extension.

Lordosés. — Quand les mains sont étendues, on peut observer sur un enfant débile une fausse position de l'épine dorsale, qui le fait porter en avant la région lombaire et en arrière la partie inférieure du tronc.

Autres signes nerveux. — Ce groupe renferme les signes les moins fréquents tels que les suivants: lenteur des mouvements, défaut de courage, sourire ou grimace constants, entrebâillement constant de la bouche, paralysies, etc.

Ce bref sommaire suffit à donner une indication générale des méthodes adoptées par le docteur Francis Warner et expliquera au physiologiste l'importance de l'enquête, au double point de vue des conditions d'existence de notre population et des méthodes suivant lesquelles ces enfants sont élevés dans nos écoles élémentaires.


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