Le syndrome d'hubris: pouvoir et démesure

La maladie du pouvoir, aussi appelée syndrome d'hubris se caractérise principalement par une estime de soi démesurée et du mépris pour autrui.Arrogance, narcissisme, mépris, prétention, manipulation, sentiment de toute puissance et d'invulnérabilité, etc... Tels sont les termes associés au syndrome d'hubris. Plus précisément, ce syndrome se manifesterait chez certaines personnes détenant un pouvoir presque sans limite.

Les principales caractéristiques de ces leaders hubristiques sont de surestimer leur compétences, de sous-estimer les difficultés auxquelles ils doivent faire face et de simplifier à l'extrême des situations très complexes. De fait, ils n'écoutent pas leur entourage et refusent tout compromis.

Aussi, cette attitude risque de les conduire à prendre certaines libertés, à saper l'autorité d'institutions normalement autonomes, à démoraliser leur entourage, à monter leurs proches les uns contre les autres, etc...


Quels sont précisément les symptômes de cette maladie du pouvoir?

Cette intoxication du pouvoir regroupe différents symptômes, dont voici les principaux:

  • Une confiance excessive en son propre jugement et un mépris pour les conseils et les critiques d'autrui.
  • Une inclination narcissique à voir le monde comme une arène où exercer son pouvoir et rechercher la gloire.
  • Un attrait démesuré pour l'image et l'apparence, ainsi qu'une prédisposition à engager des actions susceptibles d'embellir son image.
  • Une perte de contact avec la réalité, souvent associée à un isolement progressif.
  • Une tendance à accorder trop d'importance à sa vision, à ses choix, ce qui évite de prendre en considération les aspects pratiques ou d'évaluer les coûts et les conséquences.
  • La croyance qu'au lieu d'être responsable devant l'opinion publique ou ses collègues, le seul tribunal auquel il devra répondre sera celui de l'histoire.
  • Une façon messianique d'évoquer des affaires courantes, ainsi qu'une tendance à s'exalter.

En somme, l'image idéalisée que ces individus se font d'eux-même, ajoutée au refus des signaux leur envoyant une image contradictoire, les coupent de la réalité et anéantissent tout sens de la nuance et de l'écoute. Ces leaders hubristiques adoptent alors progressivement une vision simpliste du monde et restent focalisés sur leur propre image.


Le syndrome d'hubris est-il vraiment différent de la personnalité narcissique?

Il y a en effet de nombreuses similitudes avec la personnalité narcissique, dont les caractéristiques principales sont: un besoin d'être admiré, une mégalomanie, une arrogance, un sentiment d'être envié mais aussi d'être incompris du commun des mortels, un manque d'empathie, une exploitation d'autrui et une intolérance à la frustration.
Néanmoins, la personnalité narcissique est considérée comme un trait de tempérament relativement stable tout au long de la vie adulte; tandis que le syndrome d'hubris se manifesterait uniquement durant l'exercice du pouvoir et disparaîtrait une fois le pouvoir abandonné.

Ainsi, le fait de considérer que le facteur déclencheur de cette maladie est externe (le contact avec le pouvoir) rend l’existence de facteurs prédisposants (par exemple, des facteurs génétiques, biologiques, culturels, etc...) difficilement envisageables.


Inspiré des travaux de David Owen et Jonathan Davidson, ainsi que de Sebastian Dieguez.

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