La rechute : quand le souvenir du toxicomane réactive le plaisir

Même après plusieurs années de sevrage, un toxicomane ou un alcoolique peut brusquement ressentir un besoin impérieux de consommer de la drogue ou de l'alcool, par le simple fait de se retrouver dans un contexte lui rappelant, même vaguement, son passé. Dès lors, tous les efforts fournis jusqu'alors pour se libérer de l'addiction rivalisent difficilement avec le plaisir éprouvé jadis. Le risque d'une rechute est donc imminent.


Comment un simple souvenir peut réactiver les rouages de la dépendance?

Pour tenter de répondre à cette question, des neurobiologistes sont parvenus à identifier le mécanisme neuronal qui relie le souvenir à l'addiction. La rechute d'un drogué ou d'un alcoolique peut s'expliquer par une activation d'un mécanisme neuronal qui implique l'hippocampe, l'aire tegmentale ventrale et le septum. Plus précisément, ils ont identifié trois principales zones cérébrales impliquées dans ce circuit:

  • L'aire tegmentale ventrale: elle correspond à la région cérébrale dans laquelle s'enracine la sensation de plaisir procurée par la substance psychoactive.
  • L'hippocampe: cette zone du cerveau est spécialisée dans la mémoire des lieux.
  • Le septum: c'est un relais neuronal. Il relie, entre autres, l'hippocampe à l'aire tegmentale.

Ainsi, en passant devant un lieu associé à son passé d'ancien toxicomane, l'hippocampe s'activerait en envoyant des instructions au septum, lequel stimulerait l'aire tegmentale ventrale (c'est-à-dire le centre du plaisir).
Cette dernière stimulation aurait pour conséquence de provoquer une envie irrépressible de consommer de la drogue afin de ressentir à nouveau le plaisir que cet ex-toxicomane a pu ressentir, jadis, à cet endroit.


Est-il possible de prévenir les rechutes liées à ce phénomène?

C'est justement ce sur quoi travaillent des scientifiques. Leur objectif est d'enrayer le circuit neuronal mettant en jeu ces trois zones du cerveau. Plus précisément, leurs travaux expérimentaux visent à neutraliser l'activité du septum afin de rompre le lien entre l'hippocampe et l'aire tegmentale ventrale. En d'autres termes, il s'agit de dissocier souvenir et plaisir, chez les anciens individus addicts.


Inspiré des travaux d'Alice Huo.

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