Panique collective: mythe ou réalité ?

La panique d'une foule ne survient qu'en cas de manque d'informations sur la nature du danger. Le plus souvent, les individus restent calmes et s'entraident.Des personnes effrayées, courant dans toutes les directions en poussant des hurlements hystériques, est le cliché que l'on a tendance à se faire d'une foule en situation d'urgence. Cette image est-elle un stéréotype dépeignant les individus comme des êtres irrationnels qui agissent instinctivement plutôt que comme des êtres sociaux réagissant avec calme?

Des psychologues et sociologues se sont penchés sur la question en analysant les réactions des foules lors de catastrophes réelles telles que l'attaque terroriste dans des stations de métro londoniens en 2005, l'effondrement du stade de foot à Hillsborough en 1989, l'ouragan Katrina en 2005, l'attentat dans les tours du World Trade Center à New York en 2001, le naufrage des bateaux Jupiter, Oceanos et Lestonia en 1988, 1991 et 1994, la bousculade lors du concert à la plage de Brighton en 2002, l'incendie du Super Club de Beverly Hills en 1997, etc...


Quels sont donc les comportements adoptés en cas de catastrophes?

Leurs analyses révèlent que des réactions excessives et irrationnelles face au danger sont souvent invoquées, mais s'avèrent en réalité des comportements collectifs de survie.
Par exemple, suite à une catastrophe naturelle, les personnes prennent de la nourriture pour leurs proches, tant que les premiers secours ne sont pas encore arrivés ou que les systèmes de paiement sont défaillants; or ce comportement est souvent décrit comme du pillage. Aussi, les individus fuient les incendies ou les bombardements car c'est la réaction la plus raisonnable, et ce n'est pas forcément le signe d'une panique ou d'une attitude irrationnelle. Enfin, certaines personnes ne s'occupent que d'elles-mêmes et ignorent les autres, soit parce qu'elles sont incapables d'aider autrui, soit parce qu'elles n'ont même plus la force de se sauver elles-mêmes.

De façon générale, ces analyses montrent que lors d'une catastrophe, les individus ont davantage tendance à réagir avec calme et à se soutenir mutuellement, qu'à sombrer dans le chaos. En effet, dans de telles situations de danger, nous avons tendance à développer une identité partagée, fondée sur l'expérience commune.


Cette identité collective favoriserait donc la solidarité?

Le sentiment d'identité d'une personne dépend du groupe auquel elle appartient, et en temps de crise, l'identité du groupe peut supplanter l'identité individuelle: c'est le passage du "je" au "nous". Cela correspond en quelque sorte à un sentiment de destin commun. Dès lors, chacun attend que l'autre lui apporte son soutien et les membres du groupe se sentent plus forts que s'ils devaient affronter le danger tout seuls.
Par ailleurs, en situation critique, les individus continuent de respecter les normes sociales et agissent de façon ordonnée et coopérative. Ils restent attachés à leurs valeurs, leurs principes et leurs obligations envers les autres. Les mineurs chiliens bloqués durant plusieurs mois à 700 mètres sous terre en 2010, en sont une belle illustration. En effet, ces hommes se sont organisés de façon remarquable en continuant à respecter scrupuleusement les règles sociales.

A vrai dire, c'est surtout le manque d'informations qui est responsable du plus grand nombre de victimes. Fournir des informations sur la localisation et la nature du danger aide davantage les personnes à prendre des décisions adéquates et améliore ainsi leur sécurité et celle des autres, contrairement aux sirènes ou aux alarmes, véritables sources de stress.


Inspiré des travaux de John Drury et Stephen Reicher.

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