Avoir toujours raison : un grand tort

Je ne sais rien de plus fou, et cependant de plus vulgaire, que de vouloir avoir raison. Paul ValéryNous avons tous plus ou moins tendance à confirmer nos opinions préexistantes et à négliger les arguments qui les contredisent. Ce phénomène a même un nom: le biais de confirmation.
Ce biais fait partie des nombreux biais cognitifs qui gouvernent nos pensées à notre insu. Ainsi, nous ne sommes pas aussi rationnels que nous l'imaginons, et cela peut parfois avoir des conséquences néfastes...


Quelles sont les conséquences d'un tel biais de confirmation?

Nos idées préexistantes influencent en profondeur la façon dont nous percevons le monde et le comportement des autres. Aussi, le biais de confirmation étant omniprésent, il risque d'avoir de graves conséquences dans différents domaines, notamment:

  • La politique: Les contre-vérités ou les approximations avancées par certains politiques gardent une réelle influence sur les électeurs, et ce, même si leurs paroles sont ensuite contredites par des arguments plus justes.

  • La justice: Lors d'une enquête, même quand un suspect est innocent, la moindre incohérence dans son histoire ou le moindre signe d'émotion a tendance à être interprété dans un sens qui renforce la conviction initiale de l'enquêteur. De même, l'opinion préexistante des juges et des jurés vis à vis d'un accusé risque fort d'influencer leur verdict.

  • La médecine: Une expérience a montré qu'en suggérant un diagnostic faux mais crédible à des internes et des étudiants en médecine, ces derniers ont tendance à réinterpréter la plupart des signes cliniques ambigus, afin de confirmer ce diagnostic.

Ainsi, même les professionnels les plus expérimentés risquent de se laisser abuser par leur opinion initiale.


Quels sont les mécanismes de ce biais cognitif?

Le biais de confirmation se caractérise par le fait que nous cherchons des preuves de ce que nous croyons et non des informations objectives. De fait, les informations qui ne nous conviennent pas sont mises de côté, tandis que celles qui sont ambiguës sont réinterprétées.

Par ailleurs, une étude a révélé qu'en situation de conflit cognitif, c'est-à-dire dans le cas où notre idée préexistante est menacée, ce sont les zones cérébrales impliquées dans les émotions qui s'activent, et non les zones du cerveau liées au raisonnement.
En outre, une fois que nous aboutissons à la conclusion souhaitée à force d'arguments, les zones cérébrales de la récompense et du plaisir s'activent. Autrement dit, dès qu'un conflit cognitif est résolu en faveur de notre opinion initiale, nous ressentons un sentiment de satisfaction: le plaisir d'avoir raison!


Inspiré des travaux de Nicolas Guéguen, de Vicki Leblanc, Saul Kassin et de Drew Westen.

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