La peur est-elle vraiment dissuasive ? Pas si sûr...

Les campagnes de prévention qui utilisent la peur pour dissuader s'avèrent inefficaces, et donc inutiles.Slogans chocs, images et clips vidéos à glacer le sang... Les campagnes de préventions n'hésitent pas à utiliser le spectre de la maladie et de la mort pour persuader les usagers de la route, les consommateurs de tabac, d'alcool ou de drogue, mais aussi de sucre et de graisse en excès, d'adopter un comportement plus prudent et modéré.

Pourtant, malgré l'effroi qu'ils provoquent, ces messages de dissuasion s'avèrent plutôt inefficaces...


La peur n'est donc pas dissuasive?

Si les campagnes de prévention qui cherchent à effrayer ne parviennent pas à convaincre de changer d'habitudes, c'est sans doute parce qu'elles sont perçues comme une menace, et que face à une agression, la réaction naturelle est de développer des résistances pour se protéger.
Par exemple, face à un message du type: Fumer provoque le cancer, environ 80% des fumeurs ont tendance à critiquer ce type d'arguments antitabac et vont même jusqu'à douter de leur véracité. En revanche, lorsque les arguments sont moins alarmistes (par exemple: Fumer diminue les capacités respiratoires), ils ne sont plus que 12% à rejeter ce type d'arguments.

Ainsi, affoler les gens pour les persuader des risques liés à leur consommation de tabac, d'alcool, de sucre, de graisse, etc... semble voué à l'échec. En effet, les personnes ciblées ont au contraire tendance à développer des stratégies de protection et sortent encore moins convaincues des campagnes de prévention. De fait, loin d'être efficace, la peur se révèle contre-productive chez les individus ciblés.


La prévention par la peur doit-elle être bannie pour autant?

Si les images et les messages terrifiants de certaines campagnes de prévention ne changent pas vraiment les comportements des personnes concernées, ils semblent plus efficaces chez les autres, c'est-à-dire chez les non-fumeurs, chez ceux qui ne font pas d'excès d'alcool, conduisent prudemment, mangent sainement, etc. Ainsi, ces slogans alarmistes parviennent surtout à prévenir l'entrée dans le tabagisme, même si globalement, les résultats ne sont pas au rendez-vous.

En fait, pour que la peur soit réellement dissuasive, il faut qu'elle nous touche personnellement. Par exemple, le médecin d'un fumeur qui explique à ce dernier les conséquences désastreuses qu'il constate de sa consommation de tabac, aura beaucoup plus d'impact que l'anxiété générée par le message antitabac d'une campagne de prévention qui s'adresse aux fumeurs en général.

Cela dit, il n'est pas non plus nécessaire d'attendre l'apparition d'effets délétères pour persuader de changer de comportement. En effet, des études ont montré que l'apaisement après une peur initiale nous rend plus sensibles à la persuasion. Ainsi, cet effet de peur puis de soulagement pourrait être utilisé dans les campagnes de prévention afin de les rendre plus efficaces.


Inspiré des travaux de Nicolas Guéguen, d'Irving Janis, de Robert Terwilliger, de Chester Insko, et de Dariusz Dolinski.

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