Quand les enfants pratiquent des jeux très dangereux...

La pratique de jeux dangereux est devenue de plus en plus répandue chez les enfants ces dernières années.Depuis quelques années, les jeux dangereux consistant à s'étrangler, à se frapper, à s'intoxiquer, etc... suscitent un intérêt croissant chez les enfants et les jeunes adolescents. En effet, environ 12,5% des jeunes âgés de 10 à 12 ans ont déjà pratiqué de tels jeux, dont les conséquences sont parfois très graves.
Aussi, l'expansion de ces comportements lucico-dangereux est un phénomène inquiétant, mais peut-être pas si nouveau. En effet, il n'est pas sans rappeler certaines pratiques ancestrales relatives aux rites de passage...


Existe-t-il différents types d'activités ludico-violentes?

Bien que les pratiques ludico-dangereuses auxquelles se livrent les enfants soient très variées, on peut néanmoins identifier trois grands types de jeux:

  • Les jeux d'agression: ils concernent environ 12% des collégiens. Ils peuvent être intentionnels ou contraints. Dans le premier cas, le jeune qui participe de son plein gré se retrouve tour à tour agresseur ou victime. C'est le cas, par exemple du jeu du petit pont massacreur qui consiste à faire des passes avec un objet qui fait office de ballon, et le celui qui laisse filer l'objet entre ses jambes est roué de coups. Dans le second cas, l'enfant qui n'est pas consentant devient la victime de ses camarades. C'est le cas, par exemple, du jeu de la mort subite qui consiste à frapper et humilier celui qui porte le plus de vêtements d'une certaine couleur, laquelle a été désignée au hasard le matin.

  • Les jeux d'évanouissement: ils concernent entre 7 et 11% des collégiens. L'apnée et la strangulation sont les deux pratiques caractéristiques de ces jeux, qui conduisent à la suffocation, à l'asphyxie ou à l'évanouissement. Le plus connu est le jeu du foulard: le jeune s'hyperventile, puis un camarade lui compresse les carotides avec un foulard au point de couper la circulation sanguine cérébrale. Ainsi, le jeune peut éprouver des hallucinations, mais il peut également perdre connaissance ou convulser. Et si le manque d'oxygène dure plus de 3 minutes, il risque de tomber dans un coma profond et même de mourir.

  • Les jeux de défi: ils s'appuient sur le principe du "t'es pas cap" et consistent à rechercher des exploits physiques ou liés à la consommation de toxiques. Généralement, le jeune s'engage délibérément dans l'épreuve, notamment pour satisfaire un besoin de reconnaissance auprès de ses pairs. Parmi les défis physiques, on peut citer le car surfing ou le subway surfing qui consistent à se tenir debout sur une voiture ou un train en marche, en adoptant la position du surfeur. Quant aux dédits liés à la consommation de toxiques, ils visent à rechercher un état d'ivresse à l'aide de substances psychoactives. Parmi ces pratiques on peut citer le binge drinking qui consiste à boire un maximum d'alcool en un minimum de temps. En outre, les défis sont généralement filmés et diffusés sur les réseaux sociaux, ce qui, d'une part, procure un sentiment de reconnaissance (pourtant éphémère) au jeune auteur de l'exploit, et d'autre part, favorise la surenchère.

Mais pourquoi ces jeunes à se mettent-ils en danger et comment prévenir ces attitudes?

Ces comportements à risque pourraient représenter, chez certains adolescents, une façon de déjouer le contrôle parental et ainsi d'acquérir une certaine indépendance. Plus précisément, ses jeunes pourraient éprouver le sentiment de devoir expérimenter des rôles risqués pour s'extraire de la posture passive dans laquelle ils étaient jusqu'alors maintenus en tant qu'enfants. Ainsi, en testant leur courage face au danger, ces adolescents brisent symboliquement les barrières de l'enfance, ce qui renvoie naturellement aux rites de passage, qui sont des pratiques ancestrales...

Par ailleurs, certains enfants n'ont pas appris à gérer leurs émotions et leur impulsivité. De fait, ils se retrouvent dans l'incapacité de contrôler leur violence ou d'inhiber leurs pulsions.
Aussi, des programmes préventifs et thérapeutiques ont permis de diminuer de façon significative les conduites à risque et les comportements violents, tout en augmentant les conduites prosociales. Ces interventions ciblent surtout le développement des aptitudes socio-affectives, de l'empathie, de l'estime de soi, de la gestion de l'impulsivité et du sentiment d'auto-efficacité.


Inspiré des travaux de Grégory Michel, d'Andrew Macnab et de Sabrina Bernadet.

◄ Précédent    Suivant ►

A lire également :

Blue Whale Challenge : le défi qui tue
Comment persuader les adolescents ?
Des motifs visuels dangereux pour les épileptiques
L'alcoolorexie : quand l'abus d'alcool se mêle à l'anorexie...
La neuroimagerie au service des campagnes de prévention

Utilisation des cookies

carnets2psycho souhaite utiliser des cookies.

Vous pourrez à tout moment modifier votre choix en cliquant sur Gestion des cookies en bas de chaque page.