Le trouble de l'intéroception: des sensations corporelles altérées

Nous avons tous une conscience plus ou moins précise de l'état de notre corps, que ce soit au niveau proprioceptif (perception de la position du corps, du mouvement, de l'équilibre, etc...) ou intéroceptif (sensation de faim, de fatigue, de froid, etc...). Cependant, certaines personnes présentent une conscience intéroceptive si faible qu'elle ne parviennent pas à se rendre compte qu'elles sont fatiguées ou qu'elle ont froid, par exemple. Le sens de la perception de leur corps est troublé. Ces personnes présentent un déficit de l'intéroception.


A quoi est due l'altération de la conscience intéroceptive?

L'insula est une région du cerveau qui régie les sensations internes telles que la soif, le froid, etc...Les sensations informant sur l'état interne de notre corps sont régies par une une région du cerveau nommée insula. Cette aire cérébrale contribue à former l'image que l'on a de soi.
Plus précisément, l'insula met en relation les informations corporelles internes avec les informations corporelles externes. Par exemple, lorsque nous avons froid, l'insula associe cette sensation de froid à la chair de poule qui se forme sur nos bras.

Ainsi, plus l'intéroception est grande, plus sa mise en relation avec les informations externes sera bonne, et meilleure sera l'image que l'on a de soi.
Au contraire, si les informations internes sont trop faibles, l'insula ne parviendra pas (ou difficilement) à mettre en rapport les sensations internes avec les informations corporelles externes. L'image corporelle risque alors d'être fortement dégradée.


Quelles sont les conséquences du trouble de l'intéroception et peut-on y remédier?

Si un individu ne peut pas s'appuyer sur ses informations corporelles pour se représenter une image précise de lui-même, il aura tendance à se focaliser sur des indices transmis par l'extérieur pour combler ce déficit. De fait, il sera particulièrement influençable. En effet, il risque de s'évaluer en se basant uniquement sur l'opinion d'autrui.

Aussi, un tel déficit provoque généralement une distorsion de l'image du corps. Par exemple, des personnes présentant un déficit intéroceptif peuvent avoir une interprétation très altérée de la forme de leur corps et voir des défauts qui n'existent pas. D'autres peuvent avoir de grandes difficultés à détecter des signaux de faim, à ressentir une perte de poids, etc...
Les conséquences de ces distorsions peuvent être plus ou moins graves. Cela peut aller d'une simple inquiétude qu'un vêtement grossisse certaines parties du corps, à un trouble dysmorphophobique, ou encore à des troubles du comportement alimentaire tels que l'anorexie mentale.

Aussi, un moyen de lutter contre le trouble de l'intéroception est de pratiquer le yoga. En effet, se concentrer sur ses sensations corporelles et sur sa respiration consolide sa conscience intéroceptive et améliore ainsi l'image que l'on a de soi. De fait, le yoga associé à une thérapie cognitivo-comportementale ou d'autres traitements (selon la gravité du trouble), s'avère plutôt efficace.


Inspiré des travaux de Carrie Arnold, de Testuro Naruo et de Tiffany Rain Carei.

◄ Précédent    Suivant ►

A lire également :

L'image consécutive et le souvenir visuel
La lecture de romans renforce nos sensations tactiles !
Le miroir et ses bienfaits insoupçonnés...
Le trouble neurologique fonctionnel : un mal mystérieux
Les émotions dimorphes : des réactions corporelles décalées

Utilisation des cookies

carnets2psycho souhaite utiliser des cookies.

Vous pourrez à tout moment modifier votre choix en cliquant sur Gestion des cookies en bas de chaque page.