La définition de Identité

L'identité est une caractéristique de personnes, d'événements, d'énoncés, etc..., considérés comme substituables l'un à l'autre.


L'identité chez l'enfant

Bien que, dès le milieu de sa première année, le nourrisson soit capable de rassembler en catégories des objets qu'il perçoit différents et d'identifier des êtres et objets familiers, l'usage de la relation logique d'identité, le maniement des classes d'équivalence logique et la conservation en toutes circonstances de l'identité individuelle ne sont maîtrisés par l'enfant que vers 7 à 8 ans. Auparavant, le terme d'identité est pour lui dépourvu de sens et il compare ou rassemble des objets en fonction de leur degré de similitude sans employer des critères de jugement fermes et stables.
Les comportements observés dans les nombreuses recherches consacrées à la permanence de l'objet ont fait apparaître que, pour un jeune nourrisson, un objet ne conserve pas son identité quand il subit un déplacement ou une disparition temporaire, bien que ses propriétés intrinsèques soient restées invariantes. Avant 4 mois, l'identité d'un objet stationnaire est définie par sa place et ses propriétés intrinsèques, celle d'un objet mobile par sa trajectoire. En se transformant en mobile, un objet stationnaire perd son identité, il devient un autre objet. L'évolution connaît ensuite différentes étapes:

  • 1. Un même objet alternativement mobile et stationnaire conserve son identité.
  • 2. Les propriétés intrinsèques d'un objet stationnaire sont conservées lorsqu'il devient mobile.
  • 3. L'identité d'un objet se conserve à travers une disparition temporaire suivie de réapparition.

Même à l'âge préscolaire, l'identité d'un objet particulier demeure fragile. En effet, des enfants de 3 ans jugent qu'un bout de fil de fer rectiligne demeure le même bout de fil quand on le courbe sous leurs yeux. Dans les mêmes conditions, des enfants de 4 ans le nient. Cette évolution inattendue de réponses peut signifier qu'à 5 comme à 3 ans les enfants jugent en termes d'identité catégorielle et non individuelle. Ainsi, pour les petits, tous les bouts de fil se valent (catégorie large). En revanche, les grands sont plus discriminatifs: n'ayant pas la même forme, les bouts de fil rectilignes et les bouts de fil courbés forment deux catégories distinctes. Il faut ajouter qu'à ces âges les réponses verbales sont toujours ambiguës, car le sens donné à le même, à un autre n'est pas forcément identique pour l'adulte et pour les enfants.


La théorie de l'identité

Il s'agit d'une conception philosophique et épistémologique suivant laquelle les phénomènes psychologiques sont la même chose que les phénomènes neurobiologiques.
Selon cette conception, un processus psychologique est également un processus physiologique. Par exemple, une représentation imagée est ce qui apparaît au sujet d'un phénomène neurobiologique déterminé, une activation d'une assemblée de neurones. La théorie de l'identité est, dans l'éventail des conceptions philosophiques de la psychologie, celle qui est la plus éloignée du dualisme. Certaines de ses versions éliminent la psychologie, d'autres la confortent.


Les troubles de l'identité

Il s'agit de troubles de la conscience de soi, caractérisés, selon Karl Jaspers, par l'atteinte ou même la perte du sentiment « d'être identiquement le même dans le temps ».
Les troubles de l'identité font partie du syndrome de dépersonnalisation et peuvent s'accompagner de la perte des sentiments d'autonomie, de spontanéité et même d'unité du moi (avec impression de dédoublement). D'abord décrits par Pierer Janet à propos de la psychasthénie, ils s'accompagnent généralement d'un état d'anxiété et d'une impression de perte du contact avec le réel, de déréalisation.
Comme l'a écrit Sven Follin, « la dépersonnalisation thématise constamment une anxiété profonde qui n'est autre que le doute éprouvé de la réalité de soi-même et de l'ambiance ». Ils se rencontrent dans les états oniroïdes et crépusculaires ainsi que dans les formes de début, pseudo-névrotiques, de la schizophrénie. C'est aussi dans certaines expériences psychodysleptiques (provoquées par absorption de toxiques, L.S.D., mescaline, extraits cannabiques, etc...) qu'ils apparaissent, précédant parfois, ou accompagnant, des troubles perceptifs et hallucinatoires.


L'identité sexuelle

Il s'agit du fait de se reconnaître et d'être reconnu comme appartenant à un sexe. Le concept d'identité sexuelle, introduit par Robert Stoller en 1968, vise à établir une distinction entre les données biologiques, qui font objectivement d'un individu un mâle ou une femelle, et celles, psychologiques et sociales, qui l'installent dans la conviction d'être un homme ou une femme.
De ce fait, la traduction par identité sexuelle de gender identity n'est pas très heureuse, parce qu'elle élimine en partie l'opposition, voulue par Stoller, entre sex et gender, sex étant réservé au sexe biologique. La détermination de celui-ci dépend d'un certain nombre de facteurs physiques, objectivement mesurables, qui sont:

  • le génotype (XX femelle et XY mâle),
  • le dosage hormonal,
  • la constitution des organes génitaux externes et internes,
  • les caractères sexuels secondaires.

La somme de ces éléments aboutit, dans la plupart des cas, à une détermination globale mâle ou femelle non équivoque, même s'il existe chez tous les êtres humains, à ce niveau même, une certaine bisexualité due à l'indifférenciation originelle de l'embryon. Ainsi, on trouve des hormones mâles et femelles, dans des proportions différentes, chez les individus des deux sexes, de même que l'on reconnaît dans les organes masculins et féminins le résultat de l'évolution ou de l'involution de mêmes organes originels.
Dans certains cas se présentent des anomalies physiologiques qui vont de l'aberration chromosomique à l'ambiguïté des attributs anatomiques. Elles produisent des situations d'intersexualité, repérées depuis très longtemps sous le terme vague d'hermaphrodisme et qui ont été les premières à soulever des questions d'ordre psychologique sur l'identité sexuelle, du fait des problèmes évidents que de telles anomalies posent quant à l'attribution du sexe.


L'identité sexuelle et les anomalies biologiques

Ces données biologiques n'interviennent que partiellement dans ce qui constitue le noyau de l'identité sexuelle. En effet, on a pu constater que, dans le cas d'anomalies physiologiques, on se trouvait en présence des développements les plus divers de l'identité sexuelle, selon la manière dont l'entourage de l'enfant y avait réagi. Un des exemples les plus frappants exposés par Stoller est celui du développement d'une identité sexuelle féminine normale chez une personne XO, c'est-à-dire neutre sur le plan chromosomique, dépourvue donc d'utérus et d'activité hormonale femelle, du fait que, dès sa naissance, ses parents l'avaient reconnue sans hésitation comme fille. Par contre, dans des cas où le caractère anormal des organes génitaux externes provoque la perplexité et l'inquiétude chez les parents, la question de son sexe se posera à l'enfant sur un mode problématique, dont l'évolution dépendra à chaque fois de l'histoire singulière de l'individu.
Ce genre d'observations justifie à lui seul la conception selon laquelle l'élément majeur dans la constitution de l'identité sexuelle est d'ordre psychologique. Mais les cas les plus intéressants sont néanmoins ceux dans lesquels ne se présente aucune anomalie d'ordre biologique et qui pourtant posent un problème d'identité sexuelle.


Le transsexualisme

L'illustration la plus démonstrative de cette dissociation entre le biologique et le psychique est offerte par les transsexuels. En effet, ce sont des individus qui ne présentent aucune anomalie biologique ou même simplement anatomique et qui, tout en convenant de la réalité de leur anatomie sexuelle, ont la conviction d'appartenir à l'autre sexe. Ils se présentent comme une femme dans un corps d'homme ou, plus rarement, l'inverse. Le plus souvent, ils réclament la rectification chirurgicale de leur anatomie dans le sens de ce qu'ils considèrent comme leur identité profonde.
Pour cerner la question qu'ils posent, il convient de les distinguer de plusieurs autres cas avec lesquels ils risquent d'être confondus. Tout d'abord, ils ne s'identifient pas à l'autre sexe de manière inconsciente, dans leurs rêves ou dans certains de leurs comportements, c'est-à-dire que leur revendication ne se présente pas sous la forme propre à la névrose. D'autre part, il ne faut pas non plus les confondre avec les travestis fétichistes, qui jouissent précisément de la présence de leur pénis sous les vêtements féminins et ne remettent donc pas du tout en question leur identité masculine. Enfin, ce ne sont pas non plus des homosexuels efféminés, qui, même s'ils jouent parfois le rôle d'une femme au point même de se travestir, le font comme une parodie et conservent à leur pénis une fonction essentielle dans leur vie sexuelle.
Seuls les transsexuels exigent l'ablation de leur organe viril, afin de rendre leur corps conforme au sexe dont ils revendiquent l'identité. Ils constituent donc une entité singulière, qui pose des problèmes tout à fait spécifiques. En effet, si les observations de transsexuels, nombreuses aujourd'hui, éclairent la genèse de cette problématique, l'interprétation à laquelle elles conduisent généralement n'est pas sans poser des questions, qui rejaillissent sur toute la théorie de l'identité sexuelle.


L'identité sociale

Il s'agit d'une partie de la représentation que l'individu se fait de lui (identité personnelle) qui est liée aux rôles et aux statuts sociaux des groupes ou catégories auxquels il appartient. Cette notion se réfère tant aux aspects cognitifs qu'émotionnels liés à ces appartenances. Elle s'enracine intellectuellement dans deux courants de pensée. Le premier est d'origine philosophique et psychologique, le deuxième est d'origine psychanalytique.


L'interactionnisme symbolique

En 1859, Charles Darwin mit en évidence les lois naturelles de l'évolution biologique des espèces. Parallèlement, les sciences sociales naissantes s'étaient donné pour objet d'étudier les processus évolutifs de différenciation culturelle des groupes humains ainsi que ceux de l'homogénéisation des individus au sein de ces groupes. Wilhelm Wundt, parmi d'autres, s'est attelé à cette tâche dans sa Völkerpsychologie (psychologie des peuples, qu'il nommera plus tard psychologie sociale).
C'est dans ce contexte que le psychosociologue américain George Mead, qui suivit les cours de Wundt à Leipzig, fournit à cette question sa propre réponse: les interactions sociales sont génératrices de l'individualité. L'individu se constitue en tant qu'être, d'une part, en intégrant les rôles sociaux et les valeurs de son groupe (le moi), et d'autre part, en y réagissant (le je). Si Mead considère le soi comme une synthèse, il introduit néanmoins une opposition entre l'être social et l'être individuel, que l'on retrouvera, par exemple, dans certains travaux sur l'identité de genre.


La psychanalyse culturaliste

Les critiques d'ethnologues comme Bronisław Malinowski ou Margaret Mead concernant l'universalité des processus intrapsychiques de développement suggérés par Sigmund Freud ont amené certains à y intégrer une dimension culturelle. C'est ainsi, par exemple, que le psychanalyste américain Abraham Kardiner propose, en 1939, le concept de personnalité de base (ensemble des traits de personnalité typiques d'un groupe). Il s'agit du produit de l'introjection dans l'enfance des normes et des valeurs du groupe.
Le psychanalyste américain Erik Erikson introduit, en 1963, le terme d'identité entendu comme synthèse des différentes identifications réalisées dans l'enfance, c'est-à-dire aux parents, mais également aux rôles sociaux qu'ils transmettent.


La conformité et la permanence

Les premières approches de l'identité sociale décrivent essentiellement la partie conformiste de chacun d'entre nous. C'est également la position de sociologues comme Peter Berger et Thomas Luckmann, qui parlent d'identités types: on devient homme ou femme suivant un consensus social sur ce qu'est un homme ou une femme. En corollaire, l'identité sociale d'un individu serait univoque et permanente.
Toutefois, des critiques ont été émises à cet a priori. En effet, l'identité d'un individu est complexe et fluctuante. Tout d'abord, nous appartenons simultanément à différents groupes dont nous valorisons plus ou moins les normes, valeurs et opinions. Ensuite, ces différents groupes ne convergent pas nécessairement sur les stéréotypes, rôles et statuts de chacun. Enfin, nous côtoyons régulièrement des membres de différents groupes que nous survalorisons ou dévalorisons et qui, en réagissant de même à notre égard, renforcent ou modifient notre identité sociale. L'identité sociale d'un individu peut donc être comparée à un prisme dont l'une ou l'autre facette sera temporairement activée en fonction du type de situation rencontrée.


L'inventaire d'identité sociale

Peu de techniques permettent de mesurer l'identité sociale d'un individu. La plus ancienne et la plus simple est celle qui consiste à demander plusieurs fois à la personne de répondre à la question « Qui suis-je ? ». On a observé que les premières réponses correspondent généralement à des catégories sociales, comme le sexe, par exemple, et que l'on arrive ensuite à des caractéristique davantage individuelles (gai, intelligent, gros, etc.).
Aussi, afin de cerner davantage la complexité de l'identité sociale, Marisa Zavalloni a développé la technique de l'inventaire d'identité sociale. Elle consiste à demander à l'individu d'évoquer, par associations libres, les différents groupes auxquels il appartient, d'abord en termes de « Nous les... nous sommes » puis en termes de « Eux les... ils sont ». Dans un deuxième temps, on reprend les caractéristiques attribuées et on demande à l'individu si elles s'appliquent à lui personnellement, s'il les trouve positives ou non, s'il est conscient d'avoir fourni des réponses différentes à la question « Nous les... » et « Eux les... », et à quels sous-groupes il s'est référé durant ses réponses.


L'identité sociale et le processus de catégorisation

Le concept d'identité sociale ne semble pas avoir généré beaucoup de théories qui aient eu l'ambition de prédire le comportement. De fait, beaucoup d'études qui font appel à ce concept sont de type descriptif (par exemple, sur les identités nationales ou de genre) et proposent une interprétation a posteriori de leurs résultats.
La théorie de l'identité sociale de Henri Tajfel constitue peut-être la tentative la plus complète d'élaboration d'un ensemble prédicteur cohérent des liens entre appartenances sociales, facteurs intrapsychiques, réactions comportementales et processus de changement social.
Observons tout d'abord que toute société est constituée à la fois de groupes et/ou de catégories sociales à statuts différents (groupes prestigieux ou moins prestigieux) et à pouvoirs différents (dominants et dominés). Observons également qu'au sein de ces groupes coexistent des catégories différentes (par exemple, jeunes et vieux). Observons enfin que tous ces groupes sont liés par des rapports objectifs (par exemple, on sait que les cadres gagnent plus que les ouvriers), mais également subjectifs et évaluatifs (par exemple, la probabilité est grande pour qu'un Français d'origine puisse plus aisément louer un appartement qu'un immigré). On peut alors affirmer que l'identité sociale d'un individu dépend de:

  • L'ensemble des conséquences objectives de ses différentes appartenances catégorielles.
  • La manière dont il est catégorisé, et donc évalué par les autres (par exemple, on peut préférer être le premier dans une banlieue dégradée que le dernier dans un quartier bourgeois).

Comme le suggère Tajfel, on peut considérer que nous cherchons à développer ou à conserver une identité sociale positive. Nous sommes donc en permanence engagés dans un processus de comparaison sociale. Le résultat de cette comparaison peut ne pas être satisfaisant (ce qui induit une identité sociale négative et un désir de changement). Le choix des stratégies dépend essentiellement du type de société dans laquelle on évolue. Si la perméabilité entre groupes est pensable, des stratégies individuelles sont le plus probables (par exemple, changer de quartier). Si ce n'est pas le cas, des stratégies groupales de changement social sont envisageables. Il en existe trois:

  • Réévaluer son propre groupe. C'est ainsi que, dans les années 1960, on vit apparaître aux États-Unis le slogan Black is Beautiful.
  • Investir des activités qui puissent valoriser le groupe d'appartenance (par exemple, le succès des athlètes noirs américains).
  • Entrer en conflit réel avec les groupes dominants.

Cette théorie intègre la question de l'opposition entre identité personnelle et identité sociale. Ainsi, une personne peut être très satisfaite d'être conforme aux normes et aux statuts de son groupe tout comme d'autres peuvent en être insatisfaites. C'est le vécu émotionnel de l'identité sociale qui crée ou non le tiraillement sur le continuum social-individuel. Encore faudrait-il savoir quand et pourquoi on est satisfait ou non de répondre aux caractéristiques de ses groupes d'appartenance. Si cela est évident quant aux aspects économiques ou de pouvoir, cela l'est moins pour ce qui concerne l'adhésion à certains modèles idéologiques.
Le besoin d'identité positive serait tellement fondamental qu'il serait à la base d'un processus extrêmement primitif de discrimination intergroupe. En effet, on peut montrer expérimentalement, au moyen d'une technique que l'on appelle paradigme des groupes minimaux, qu'il suffit de catégoriser (arbitrairement) des individus, de leur faire croire qu'ils possèdent avec d'autres certaines caractéristiques communes (comme des préférences esthétiques), pour qu'ils favorisent leur groupe et défavorisent le groupe adverse, alors même qu'il ne s'est produit aucune interaction. C'est ce que l'on appelle le biais de favoritisme vis-à-vis de l'intragroupe. Ce favoritisme aurait pour fonction d'augmenter l'estime de soi des membres du groupe, et donc la satisfaction retirée de son appartenance groupale. Curieusement, pourtant, ce sont les groupes dominants qui se montrent les plus discriminants. La théorie de l'identité sociale a donné comme prolongement la théorie l'autocatégorisation de Turner.
Outre la question des relations intergroupes, la notion d'identité sociale a de multiples liens avec d'autres problématiques psychosociales, comme celles liées au changement d'attitude et aux processus d'influence sociale. Ainsi, un fumeur sait qu'il fait partie de la catégorie des fumeurs. Les campagnes antitabac peuvent aisément, en le catégorisant comme nuisible, menacer son identité, renforcer sa solidarité avec les autres fumeurs et augmenter son hostilité vis-à-vis de ceux qui veulent l'amener à changer d'attitude. On atteint ainsi l'effet inverse de celui qui est recherché.

Autres termes psychologiques :

Pairs
Stéréotype
Couvade
Groupes
Travestisme

Utilisation des cookies

carnets2psycho souhaite utiliser des cookies.

Vous pourrez à tout moment modifier votre choix en cliquant sur Gestion des cookies en bas de chaque page.