La définition de Héminégligence
L'héminégligence (ou syndrome de négligence, ou encore hémi-inattention) désigne l'ignorance d'une partie du champ perceptif causée par une lésion latéralisée.
Les caractéristiques de l'héminégligence
Le terme d'héminégligence a été utilisé par Edwin Weinstein, en 1977. Les premières descriptions de ce déficit attentionnel consécutif à une lésion cérébrale furent données par John Jackson et Arnold Pick.
Il est à noter que cette incapacité existe en dépit de l'absence de troubles sensoriels et moteurs primaires. En outre, l'héminégligence n'est pas un trouble unitaire. En effet, plusieurs formes de déficits ont été décrites. La modalité sensorielle affectée (vision, ouïe, toucher, olfaction) varie d'un patient à l'autre. Il arrive même que plusieurs modalités sensorielles soient touchées simultanément. Les troubles les plus spectaculaires et aussi les plus invalidants sont ceux qui affectent la sphère visuo-motrice. Aussi, ce sont eux qui ont fait l'objet du plus grand nombre d'études.
Les troubles peuvent affecter des parties différentes de l'espace espace personnel ou espace proche, espace lointain ou espace arrière, partie supérieure ou inférieure de l'espace. Les différents déficits se laissent décrire par rapport à un cadre de référence qui peut être égocentré ou allocentré.
Les conséquences de l'héminégligence
Les manifestations de l'héminégligence s'observent aussi bien au niveau de la posture des patients et de la motricité globale qu'au niveau des activités visuo-motrices plus ou moins fines. Ainsi, l'héminégligence entraîne de nombreuses perturbations dans la vie quotidienne, pouvant retentir sur la lecture, l'écriture, mais aussi sur des activités plus élémentaires comme les soins corporels, l'habillage, les déplacements, la prise de repas.
Souvent, les patients nient leurs difficultés et ne semblent pas avoir conscience de l'inadaptation de leurs actions. Cette dénégation des troubles (ou anosognosie), les conduit à inventer des explications fantaisistes aux situations qu'ils ne peuvent justifier sans tenir compte des déficits réels.
L'étude de l'héminégligence
Pour révéler et étudier les symptômes de l'héminégligence, les neuropsychologues ont développé une série de tests cliniques relativement standardisés. Parmi les tests les plus courants, on peut mentionner la mesure du temps de réaction à des stimulus apparaissant dans les différentes parties du champ visuel et les tests visuographiques comme la bissection de lignes, le dessin de mémoire ou copié, le barrage de signes.
La question des bases anatomiques de l'héminégligence porte sur la distribution des lésions entre les hémisphères et leur localisation à l'intérieur de chacun. De nombreux travaux ont confirmé la prédominance des lésions de l'hémisphère droit sur celles de l'hémisphère gauche, et la plus grande sévérité des troubles associés. Plusieurs études évoquent une incidence différente des lésions selon qu'elles touchent les parties antérieures ou postérieures du cortex. La grande variété des manifestations de l'héminégligence correspondrait à des configurations lésionnelles différentes à l'intérieur du système cortical et souscortical, impliquées dans l'attention spatiale. Si l'étendue lésionnelle semble jouer un rôle dans l'apparition de l'héminégligence, l'étiologie lésionnelle, en revanche, ne semble pas constituer en elle-même un facteur pertinent et prédictif des troubles.
Le nombre d'études consacrées à l'héminégligence s'est multiplié et cela a permis, en plus d'une caractérisation plus fine des déficits, des interprétations variées de ce trouble. Selon le facteur mis en relief, ces interprétations considèrent l'héminégligence comme un déficit attentionnel, un déficit représentationnel, un déficit référentiel, un déficit d'intention ou un déficit prémoteur. D'ailleurs, elles ne sont pas sans lien avec les différentes approches proposées dans la rééducation de ce trouble.