La définition de Écriture

L'écriture désigne à la fois une activité de traçage (ou de geste graphique), et la trace qui en résulte (ou graphisme). Ce comportement est très étudié dans la mesure où il est appris à l'âge scolaire et est souvent très automatisé chez beaucoup d'adultes.
Cette activité motrice témoigne clairement de l'existence d'une mémoire centrale du mouvement. Aussi, les perturbations de l'écriture permettent de distinguer les troubles de cette mémoire des troubles du geste lui-même.


L'écriture en tant qu'habileté motrice

Une première spécificité de l'écriture en tant qu'habileté graphique peut être saisie à travers son produit essentiel: une succession de lettres composant des mots. En effet, la lettre peut être définie à trois niveaux:

  • Un niveau graphémique: la lettre est représentée sous sa forme la plus abstraite en tant que lettre de l'alphabet.
  • Un niveau allographique: la lettre est spécifiée plus concrètement en tant que caractère d'imprimerie ou d'écriture cursive (et en majuscule ou minuscule).
  • La trace graphique effective: elle peut varier d'un individu à l'autre mais aussi chez un même individu d'un moment à l'autre.

Cette simple description hiérarchique du produit suffit pour souligner le type de choix impliqués dans l'écriture:

  • La succession des lettres (graphèmes) dans un mot.
  • La forme des lettres (allographe).
  • L'organisation spatiale des traits constituant la trace graphique effective.

D'un point de vue moteur, on s'intéresse à l'exécution de cette trace graphique. Celle-ci implique une succession de petits mouvements de la pointe du stylo surimposés à un mouvement progressif de transport horizontal de gauche à droite. Ces mouvements sont principalement effectués avec la main, qui constitue un système moteur complexe comprenant 27 os et contrôlé par plus de 40 muscles.
Un deuxième aspect important spécifie en partie les conditions dans lesquelles ce système doit être contrôlé. Ainsi, sous sa forme achevée, bien automatisée, la séquence des lettres est produite à une vitesse relativement élevée, de façon fluide, sans à coups, avec une taille relativement réduite, et généralement sans référence à un modèle. Un tel contrôle s'analyse bien en termes de programmation motrice. Dans cette perspective, les mouvements de l'écriture ne peuvent pas être générés sans une mémoire motrice à long terme contenant l'information essentielle sur les patterns de mouvements élémentaires. A ce niveau, l'information ne concerne que les aspects les plus généraux du mouvement comme la séquence des mouvements élémentaires, leur taille, leur durée et leur force relatives. Pour aboutir à la réalisation de mouvements effectifs, cette information nécessite une spécification de paramètres tels que la taille et la durée d'exécution de la trace graphique à produire ainsi que leur traduction en termes de commandes motrices pour le système moteur effecteur mis en jeu. Cette interprétation des processus mis en jeu dans l'écriture s'appuie largement sur la mise en évidence d'une invariance homothétique spatiale et temporelle.


Le développement de l'écriture

Dans sa caractérisation en tant qu'habileté motrice, le geste graphique de l'écriture apparaît bien différent de celui du dessin et, à cet égard, s'il est important d'analyser le développement des capacités graphiques qui sous-tendent l'écriture, il convient aussi d'appréhender la spécificité de l'apprentissage de l'écriture, qui fait l'objet d'un processus d'éducation particulier. Cela ne va pas toujours de soi dans la mesure où, dans ce domaine, il peut s'avérer difficile de séparer les effets propres à un apprentissage spécifique de ceux liés au développement général.


Le développement du geste graphique

À ce niveau, on s'intéresse à la mise en place des conditions préalables nécessaires à cet apprentissage:

  • Dès 18 mois: l'enfant produit spontanément des gribouillages et commence à tracer des traits définis.
  • Vers 30 mois: son répertoire de traits s'étend avec la capacité d'imiter les mouvements d'écriture. La vision commence à guider la main au lieu de simplement la suivre.
  • Vers 3 ans: les traits sont mieux contrôlés, plus variés (vagues, zigzags, cercles, boucles), moins répétitifs et plus petits. Cependant, jusqu'à environ 4 ans, ces traces graphiques paraissent plus produites pour elles-mêmes que comme visant à représenter des objets, même si les résultats sont quelquefois semblables à des objets. L'environnement ne fournit pas encore de modèles visuels.

La copie est une tâche plus complexe que la production de dessins spontanés. En effet, elle implique une analyse de la forme visuelle, initialement perçue comme un tout, en segments élémentaires et la reconstruction du modèle à partir de ces segments. De ce fait, il semble que le jeune enfant ait moins de difficultés à analyser qu'à reconstruire les formes. Cela témoigne d'une certaine indépendance des schémas moteurs et visuels et du fait qu'il n'y a sans doute pas un schéma unique médiatisant à la fois la lecture et l'écriture. En ce qui concerne la copie de patterns géométriques, la plupart des auteurs s'accordent à dégager une séquence développementale spécifique:

  • Les cercles à 3 ans.
  • Les carrés à 4 ans.
  • Les triangles à 5 ans.
  • Les losanges à 7 ans.

La précision de la copie s’accroît fortement entre 5 et 6 ans. A partir de ce moment, le dessin en l'absence de modèle peut être guidé par une image visuelle, l'activité graphique pouvant être considérée comme le mouvement du crayon le long des contours projetés d'un objet imaginé.
Parallèlement à ce développement des traces graphiques, on peut suivre le développement de la prise manuelle du crayon:

  • Dès l'âge de 12-18 mois: une prise palmaire. Le crayon est saisi fermement dans la paume de la main.
  • Vers 2 ans: l'enfant passe rapidement à une prise plus digitale, avec le pouce sur le côté gauche du crayon et les autres doigts sur le côté droit.
  • Dès l'âge de 3 ans: la prise adulte commence à être approchée, avec l'opposition pouce-index et extension du majeur.
  • Vers 6 ans: la prise adulte est quasiment atteinte et ce sont des mouvements des doigts et du poignet qui produisent le graphisme.

De façon générale, la description de ces quelques étapes du développement du geste graphique témoigne principalement du développement de la motricité fine et recouvre pour une bonne part le passage d'un contrôle proximal (mise en jeu essentiellement de l'articulation de l'épaule) à un contrôle distal (utilisation du coude, du poignet et des doigts). Ainsi, le contrôle devient de plus en plus précis, ce qui se reflète dans la réduction de la taille de la trace graphique et la diminution des mouvements superflus.
De fait, à 5-6 ans, il apparaît qu'une partie importante des conditions nécessaires à l'apprentissage de l'écriture cursive sont acquises. Cependant, dès ce niveau, ces pré-requis, dont témoigne bien le graphisme spontané de l'enfant, demandent à être complétés par une éducation systématique de la trajectoire spécifique à l'écriture.


L'affinement de la programmation motrice

La copie étant acquise, il reste à prendre en compte les aspects temporels de sa production et plus particulièrement la vitesse de l'écriture. Cette vitesse augmente évidemment avec l'âge. Aussi, cette augmentation est particulièrement importante entre 7 et 9 ans, puis quasi nulle jusqu'à 13 ans, où elle reprend légèrement pour aboutir à la production de plus de 2 lettres par seconde. Ainsi, c'est relativement tôt que l'enfant élabore le pattern spatio-temporel propre à une trace graphique qui représente l'information la plus abstraite stockée en mémoire à long terme, et qui sert de base à l'exécution des mouvements dans des conditions spécifiques variées.
Cette programmation n'est cependant pas encore parfaite et, dès qu'il s'agit de produire des lettres (et non plus des boucles et des cercles), cela se traduit par une variabilité importante tant de la durée totale d'exécution que de l'organisation spatio-temporelle des traits constituant les lettres. En outre, des difficultés apparaissent quand l'enfant doit produire des mots et non plus des lettres isolées. Pour partie et au début, celles-ci tiennent à la non-intégration du mouvement de transport du crayon de gauche à droite avec les mouvements circulaires. C'est ainsi que l'enfant de 6 ans double presque sa durée d'écriture quand il produit des boucles dans un mouvement continu progressif de transport de gauche à droite par rapport à une situation dans laquelle il produit des cercles répétés en restant au même endroit.
A côté de ce problème de l'intégration motrice de deux types de mouvements, l'automatisation de l'écriture d'une séquence de lettres peut recouvrir deux aspects:

  • S'il semble y avoir assez tôt élaboration d'un programme moteur pour chaque lettre, avec la pratique on peut aussi élaborer des programmes moteurs pour des successions de lettres, comme, par exemple, pour la signature ou pour certains mots très courants.

  • Si la succession des lettres et des mots apparaît bien discontinue, leur production, au moins dans l'écriture cursive, est continue, ce qui paraît impliquer un traitement en parallèle (le rappel en mémoire d'une lettre et la spécification de ses paramètres de taille et de durée se faisant pendant l'exécution motrice de la précédente).

Une autre façon d'aborder la caractérisation de la programmation motrice pendant l'apprentissage est de recourir à une comparaison entre bons et mauvais scripteurs. Ces deux groupes sont différenciés sur la base de la qualité de l'écriture:

  • lisibilité,
  • précision de la forme,
  • uniformité de la taille et de l'inclinaison,
  • espacement entre les lettres et les mots,
  • alignement des lignes d'écriture.

Un premier résultat de cette comparaison concerne la durée d'écriture, pour laquelle on ne note aucune différence entre bons et mauvais scripteurs. Ainsi, il apparaît que la vitesse d'écriture n'est pas un bon indice de sa qualité. Un deuxième résultat concerne les pauses ou arrêts observés. Si, de façon générale, tous les individus produisent à peu près le même nombre d'arrêts, la durée de ces arrêts est plus grande chez les mauvais que chez les bons scripteurs. Cela peut être interprété comme témoignant de l'importance du recours à un contrôle en boucle fermée, chez les mauvais scripteurs mais aussi sans doute dans les premières phases de l'apprentissage. Une telle interprétation est confirmée par une analyse plus fine des caractéristiques cinématiques de l'exécution de chaque trait, qui montre une modification, avec la qualité de l'écriture mais aussi avec l'âge, de la maturité des mouvements produits.

Autres termes psychologiques :

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