La définition de Dissonance cognitive


La théorie de la dissonance cognitive

Il s'agit de la théorie selon laquelle l'individu ne tolère pas le désaccord pouvant advenir entre des éléments de son univers cognitif. Cette intolérance le conduit alors à réduire ce désaccord d'une façon ou d'une autre, c'est-à-dire à réduire la dissonance.
La théorie de la dissonance cognitive a été introduite par Leon Festinger, en 1957. Elle postule:

  • Qu'il existe des états cognitifs privilégiés.
  • Que tout écart par rapport à ces états va susciter un travail cognitif visant à le réduire.

Elle accorde un statut particulier à l'action. Dans les situations expérimentales où la théorie de Festinger a reçu ses plus franches confirmations, l'individu est toujours amené à agir. Ici, il se prive de nourriture ou de boisson, là il mange un plat répugnant, là encore il tient des propos mensongers ou immoraux, là enfin il choisit une option parmi plusieurs possibles, etc...
C'est précisément des réajustements cognitifs faisant suite à de tels agissements dont rend compte la théorie de la dissonance cognitive (la moindre sensation de faim, de soif ou de dégoût, l'adhésion aux propos tenus, la valorisation de l'option choisie, etc...). De fait, elle doit être considérée comme une théorie de la rationalisation.


Les relations entre les cognitions

La théorie de la dissonance cognitive traite des relations entre les cognitions. Les cognitions sont définies par Festinger de manière large puisqu'il peut s'agir d'informations, de connaissances, d'opinions ou de croyances sur nous-mêmes, sur notre environnement physique, sur notre environnement social ou sur notre propre comportement. Aussi, prises deux à deux, les cognitions peuvent entretenir trois types de relations:

  • Les relations de consonance: on considère que deux cognitions sont en relation de consonance si l'une peut être obtenue par implication psychologique de l'autre. Par exemple: « j'aime la musique baroque » et « je m'offre un disque de musique baroque ».

  • Les relations de dissonance: on considère que deux cognitions sont en relation de dissonance, si la deuxième cognition est l'opposée de celle que l'on devrait avoir par implication psychologique de la première. Par exemple: « je n'aime pas les cuisses de grenouille » et « je mange des cuisses de grenouille ».

  • Les relations de neutralité (ou de non-pertinence): on considère que deux cognitions sont en relation de neutralité (ou de non-pertinence) lorsqu'elles ne peuvent être analysées à l'aide l'implication psychologique, l'une n'impliquant ni l'autre, ni l'opposé de l'autre. Par exemple: « j'aime le cinéma italien » et « je réalise une tâche domestique ». Cependant, la théorie de la dissonance cognitive ne prend pas en compte ce type de relation neutre.

Ainsi, c'est à partir de ce que Festinger appelle l'implication psychologique qu'il convient d'analyser les relations entre deux cognitions. Cette implication renvoie davantage à une nécessité de bon sens qu'à une nécessité logique. En effet, elle traduit l'idée d'un lien optimal entre deux cognitions, la présence de l'une appelant la présence de l'autre.


La dynamique cognitive selon Festinger

Chez Festinger, le concept de dissonance désigne également l'état psychologique spécifique pouvant accompagner un type de relation entre deux cognitions. Ainsi, on parle d'état de dissonance. Cet état est décrit comme un état psychologique désagréable susceptible de déclencher la dynamique cognitive en vue de sa réduction. Aussi, la dynamique cognitive de réduction de la dissonance est d'autant plus forte que la dissonance est grande.
Pour être en mesure de faire des prédictions sur l'ampleur des réajustements cognitifs, il est donc nécessaire de savoir quantifier la dissonance. C'est la fonction du taux de dissonance. Si on appelle D la somme de toutes les dissonances impliquant une cognition particulière et C la somme de toutes les consonances, le taux de dissonance est donné par le rapport D/(D+C). Ce taux confère donc un statut privilégié à une cognition, puisque c'est par rapport à elle et par rapport à elle seule que les autres cognitions seront analysées à l'aide de l'implication psychologique. Aussi, étant donné que cette cognition particulière représente un comportement précis, c'est par rapport à ce comportement (manger un plat que l'on n'aime pas, ne pas faire ce que l'on a envie de faire, , etc...) que les autres cognitions seront dites dissonantes ou consonantes.


Les principaux paradigmes de la théorie de Festinger

La théorie de la dissonance cognitive comprend plusieurs paradigmes:

  • La soumission forcée: dans cette situation, les individus sont amenés à se comporter à l'encontre de leurs attitudes et donc à se soumettre. Une fois leur soumission obtenue, on s'intéresse à la façon dont ils réduisent leur dissonance. Ainsi, on observe un changement d'attitude inversement proportionnel à l'importance des récompenses (ou des punitions).

  • La décision: la prise de décision est source de dissonance dans la mesure où l'option choisie comporte presque toujours des inconvénients, et l'option rejetée, comporte presque toujours des avantages. La théorie de la dissonance permet alors de prédire que la dissonance sera réduite par une réévaluation des différentes options. Ainsi, le décideur aura tendance à évaluer plus favorablement l'option choisie et/ou à évaluer moins favorablement l'option rejetée.

  • Les attentes non confirmées: dans cette situation, pour obtenir quelque chose que l'on suppose intéressant, nous devons passer par une phase pénible (par exemple, attendre plusieurs heures debout, en plein hiver, à l'entrée d'un stade de football). Si d'aventure le match s'avérait sans intérêt, le supporter se retrouverait en état de dissonance, dissonance d'autant plus forte que l'attente aura été pénible pour lui. Ainsi, la théorie de la dissonance permet de prédire que le match sera jugé avec d'autant plus d'indulgence que l'attente a été pénible.

La dissonance et l'engagement

En 1982, Jack Brehm et Arthur Cohen ont montré que la théorie de Festinger n'est prédictive que si l'individu peut être considéré comme engagé dans son acte. Il est également établi que c'est la situation dans laquelle l'individu agit qui donne à l'acte son caractère engageant ou pas. Aussi, deux traits de la situation sont particulièrement importants: le libre choix et la prévisibilité des conséquences de l'acte. Ainsi, on peut considérer qu'un individu est engagé dans un acte si la situation est telle, qu'il peut avoir le sentiment d'avoir agi librement, et qu'il peut anticiper les conséquences (désagréables, notamment) de son acte.

Autres termes psychologiques :

Festinger
Cohérence
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